En novembre 1939, il fait son service militaire dans l'infanterie. Il est affecté au quartier de Sonis à Orléans, dans un peloton préparatoire d'élèves officiers qui dépend de Saint-Maixent. Il intègre l'armée d'armistice à Limoges, puis à Brive-la-Gaillarde, jusqu'en novembre 1942, date à laquelle celle-ci est dissoute, puisque toute la France est maintenant occupée.
De retour dans la Sarthe, il entre le 1er février 1943 chez Renault, dans l'usine réquisitionnée, qui fabrique des tracteurs. Il occupe divers emplois de magasinier, puis est engagé dans les bureaux. Il a conservé malgré tout, quelques relations avec le milieu militaire. C'est ainsi qu'il est contacté par un agent de l'ORA (Organisation de Résistance de l'Armée) et qu'il se met au service du Capitaine Antoine Madelin. Ce dernier, est un ancien officier du 117ème Régiment d'Infanterie du Mans, devenu chef régional de l'ORA, sous le pseudonyme de « René Château».
Georges Esnault, qui habite rue Beauverger dans le centre du Mans, devient alors agent de liaison entre plusieurs départements. Il transporte des messages oraux ou des courriers codés dans diverses «boîtes à lettres» du Mans, (bar du Palace: chez Chartier avenue Thiers, mais aussi chez Louis Jardin: un bar-tabac au 158 avenue Jean Jaurès, chez Chaudourne : imprimeur rue de l'Herberie ou chez Renoir : au 106 rue de la Rivière). Il part en mission à Tours chez Papillon ou à Paris où il rencontre un inconnu ( en réalité un général 5 étoiles) à qui il transmet un message après avoir demandé : « Avez-vous des cochons à vendre »? Il justifie ses absences à l'usine grâce à de faux certificats médicaux. Il circule avec une carte d'identité au nom de « Georget ». Au printemps 1944, il escorte à bicyclette François Gaulupeau qui transporte, à la barbe des Allemands, des armes cachées sous du foin dans une charrette à cheval, depuis la forêt de La Chapelle-Saint-Fray jusqu'à Spay. Il est aussi chargé d'écouter la BBC, où les 2 messages de son groupe de parachutage situé vers Sceaux-sur¬Huisne sont : «Le parapluie meurt d'amour» et «Vénus a un joli nombril». A l'époque du Débarquement, très recherché par la Gestapo, il se cache dans une ferme à Vivoin. Le 7 août 1944, après avoir rejoint les Américains à Spay, il participe aux combats de la libération du Mans.
Sous-lieutenant FFI à la Libération, il se réengage pour la durée de la guerre. Il est affecté à l'Etat-Major à Angers, en octobre 1944. Il se marie et travaille à la commission d'homologation des services de Résistance. Revenu au Mans à la caserne Mangin, le 1er mai 1945, il reste officier d'ordonnance du général de Reboul jusqu'en 1946 et reçoit la Médaille de la Résistance.
De Croix de la Sarthe |
Après avoir hésité, il quitte l'Armée, alors qu'il est lieutenant et revient en août 1946 à la Régie Nationale des Usines Renault (où il travaille encore plus de trente ans à la comptabilité et au contentieux commercial). A la retraite depuis 1979, ce passionné d'archives et de littérature classique entreprend de minutieuses recherches sur le clergé sarthois et sur Souligné-sous-Ballon, la commune de son enfance où il est revenu s'installer.
Tiré de ESTEVES Joseph : 100 visages de la Résistance et de la Déportation en Sarthe, ITF 2002.